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C'ÉTAIT MIEUX AVANT ? Un Procès Générationnel porté par des ténors du barreau.



Extraits de l’article de la journaliste Diane Merveilleux, du journal LE MONDE,


« C’était mieux avant ? » : au théâtre, un procès fictif oppose les boomers à la génération Z par Diane Merveilleux« Bras ouverts sous les projecteurs, une silhouette habillée en noir se dessine. Flora Ghebali, avocate générale, s’adresse à des jurés et à une assemblée. « Qui, des jeunes ou des vieux, peut faire dévier le paquebot avant le naufrage ? ». Solennelle, elle requiert des peines pour les deux « accusés » du soir, qui ne sont autres que deux générations que cinquante ans séparent. « Aux vieux, je reproche leur trop grande légèreté, le refus d’accepter qu’ils ont eu tort. Aux jeunes, leur trop grande lourdeur et leur pureté militante. » 


Drôle de réquisitoire pour une procureure. C’est que Flora Ghebali, jeune entrepreneuse et essayiste n’est pas une vraie avocate, et le jury, assis à deux tables aux extrémités de la scène, n’a rien d’une vraie cour d’assises.


Un procès atypique se tient ce soir d’octobre au théâtre Antoine, dans le 10e arrondissement de Paris. Sur le banc des accusés, deux générations : les « boomers » et les « gen Z » (génération Z). Les premiers sont les « baby-boomers » d’après-guerre, nés entre 1946 et 1964 ; les seconds sont les jeunes adultes et adolescents d’aujourd’hui, nés entre 1996 et 2010. Les boomers ont d’abord été catégorisés comme tels par les plus jeunes sur les réseaux sociaux, à travers l’expression « OK, boomer » lancée en 2019 par une députée néo-zélandaise.Une manière pour la nouvelle génération de prendre la parole et de revendiquer des idées plus progressistes que celles de ses aînés.


(…) Sur scène, des avocats ténors du barreau ou jeunes prodiges, représentants des deux générations, viennent s’exprimer sur de grands thèmes de société. 


La liberté et l’écologie, c’était mieux avant ? 

L’art et l’autorité, mieux aujourd’hui ? 


Mauvaise foi et ironie sont au rendez-vous, mais chacun instaure avec humour et intelligence les conditions d’un dialogue intergénérationnel. 

Avec une difficulté supplémentaire : les plus jeunes doivent défendre l’époque révolue des boomers, les plus âgés se faire les chantres de l’air du temps.


(…) Juliette Ray n’en est pas à son coup d’essai. En septembre 2021, elle avait déjà coordonné le procès de la télé-réalité, événement étudiant qui a réuni 2 700 personnes au Grand Rex, à Paris. 


Cette fois, le sujet, plus sérieux, la pousse à faire appel à des professionnels du droit, mais l’objectif est le même : « Rendre l’éloquence plus divertissante pour la rendre plus accessible. »


Le concept a attiré 750 spectateurs dans la grande salle rouge et dorée. Un exploit, pour le format, et une agréable surprise pour les deux jeunes organisatrices, Juliette Ray et Juliette Hamma. Tous les tickets, entre 12 et 25 euros, ont été vendus plusieurs jours avant le spectacle et même les strapontins sont occupés. Dans le public, des représentants de toutes les générations.


(…) Le jury se retire pour délibérer. Loin des réseaux sociaux, chaque tranche d’âge a trouvé son défenseur de l’autre côté du spectre générationnel. L’exercice requiert empathie, autodérision, maturité. « L’idée était bonne, les deux générations ne peuvent pas complètement se détester », souffle Samir dans le public à la fin de la standing ovation.


Conclusion du procès : non, ce n’était pas mieux avant. Et pas parce que les plus âgés ont été plus convaincants face au jury. C’est avant tout parce que le projet a été mené de bout en bout par des représentants de la « nouvelle » génération. 


Dans son discours, Jean-Emmanuel Ray reconnaissait : « C’est ta fièvre, la jeunesse, qui maintient le monde à la bonne température. » 

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